Deux ans après son ouverture, l'hôpital de Voiron va être officiellement inauguré. A deux jours du couper officiel de ruban (ce 14 septembre à 18 heures), on ne sait si le ministre de la Santé sera de la partie mais on a comme un doute. De fait, l'inauguration fait sacrement tâche dans le paysage sanitaire dévasté et dont l'hôpital de Voiron est un des premiers témoins.
L'hôpital de Voiron, dont la fusion avec le CHU de Grenoble est loin, très loin d'avoir épongé tous les maux, a été un des premiers en France à plonger ses urgences dans un coma profond la nuit. Le service a commencé à fermer ses portes aux patients passé 20 heures en novembre 2021. Depuis juin 2022, c'est systématique. Toutes les nuits. A tel point que le mode de gestion, d'abord qualifié de "dégradé" puis d'"adapté" (admirez l'acrobatie cent pour cent sémantique),relève désormais du fonctionnement courant. A Voiron mais aussi désormais un peu partout en France.
Comme partout, il manque du personnel, aides-soignants, infirmiers, médecins. Dans les services, passées les clopinettes du Ségur, rien de nouveau. Bref, depuis cinq ans, la situation ne s'est non seulement pas arrangée mais elle s'est dégradée. Les quelques infirmières ne restent pas, et désertent même la profession. Non plus après quinze ans de forçat mais cinq ans désormais...
Résultat ? A Voiron, les autorités sanitaires et politiques vont donc inaugurer un hôpital à moitié vide. Là, sur les dix blocs opératoires, cinq tournent. Faute de personnel mais pas seulement. Car l'hôpital a été construit, 100 millions d'euros une broutille, sur les bases d'un partenariat avec le privé. Initialement, ce partenariat était même prévu dès la construction du bâtiment via un groupement de coopération sanitaire. La clinique de Chartreuse, qui venait d'être rachetée par le groupe hospitalier mutualiste, devait participer à hauteur de 14 %. Las, le partenariat a capoté et l'Agence régionale de santé a dû sortir la rallonge qui manquait : 30 millions d'euros. Le partenariat sanitaire n'a pas plus tenu de la sorte que de la clinique privée, désormais entre les mains du groupe Avec en plus que fâcheuse posture, plus personne n'en entend parler.
C'est sur ces bases, savamment construites (ou plutôt déconstruites) que le nouvel hôpital de Voiron, attendu depuis vingt ans, va sabrer le champagne et sortir les petits fours. Du plus mauvais effet a alerté la CGT qui a décidé de boycotter la petite sauterie ce 14 septembre, non sans avoir dit depuis plusieurs mois tout le bien qu'elle pensait de ce moment festif... où le petit monde politique devrait se presser à quelques mois des élections européennes.
On y reviendra. La suite est à suivre sur Substack.