On vous le résume vite fait. On annonce la fin des voitures thermiques, sans trop se soucier s'il existe une solution de rechange à peu près viable. On mise tout sur la voiture électrique, sans trop se soucier si on est bien capable d'en produire soi-même – sans parler des raisons qui président à cette décision. Puis, on annonce le lancement d'une enquête pour concurrence déloyale contre les subventions – certes massives – chinoises aux véhicules électriques qui menacent d'inonder le marché, forcément.
On apprend que Bruno Le Maire, déjà auteur d'une redoutable politique de sanctions économiques contre la Russie, n'y est pas pour rien dans la décision de l'Union européenne de mettre au pas les Chinois comme Ursula von Der Leyen l'a annoncé dans son discours sur l'état de l'Union.
Encore une fois, le retour de bâton s'annonce gros comme un camion. Rappelons que la Chine domine le marché de la voiture électrique tous azimuts. Que ce soit en termes d'extraction de métaux et notamment de graphite. Qu'elle est incontournable pour ce qui est du cobalt, du lithium ou du nickel, matières premières essentielles dans la construction des batteries, puisqu'elle seule ou presque en est le raffineur. Qu'elle a pris le contrôle des ressources en lithium, et notamment dans le triangle entre Chili, Bolivie et Argentine où se trouvent plus de la moitié des réserves mondiales. Qu'elle s'impose aussi dans la production des cellules et des batteries, elle qui détient aussi 70 % des capacités de production pour des composants clés comme les cathodes et les anodes.
Et que donc que tous les projets de megafab dans l'UE annoncés ou lancés à grands coups d'argent public, que ce soit dans les semi-conducteurs ou les batteries pour faire la nique à l'Asie, ne sont rien sans... la Chine.
“ En prévoyant d’interdire les voitures neuves à essence ou diesel d’ici à 2035, l’UE mise gros sur les batteries. Mais elle n’a pas toutes les cartes en main : l’accès aux matières premières, l’attrait pour les investisseurs et les coûts à supporter pourraient lui faire perdre son pari", alertait manifestement un peu vainement la cour des comptes de l'UE dans un rapport dédié aux batteries.
On vous en avait parlé dans un article à relire ICI.
Droit dans le mur ? Nous, on le voit bien venir le moment où la Chine (et peut-être pas qu'elle) va encore plus restreindre ses exportations. Détail : un rapport de l'OCDE paru en avril alertait sur l'augmentation exponentielle des droits à l'exportation de matières premières essentielles. Et notamment de la part de la Chine, l’Inde, l’Argentine, la Russie ou le Kazakhstan.