Charline Avenel, camarade de promotion d'Emmanuel Macron à l'Ena, a obtenu le poste de rectrice de l'académie de Versailles par un passe-droit taillé sur mesure. Comme tout haut fonctionnnaire qui se respecte, cette dame n'est pas au courant de ce qui se passe dans l'administration qu'elle dirige, surtout quand il s'agit d'un sujet, le harcèlement scolaire, érigé en cause nationale par le gouvernement depuis deux ans.
L'infect courrier envoyé par le rectorat de Versailles aux parents de Nicolas, l'élève qui s'est suicidé le jour de la rentrée ? Elle ne l'a pas vu passer. Comme l'écrasante majorité des hauts fonctionnaires, passerait-elle le plus clair de son temps à organiser sa propre irresponsabilité le temps de trouver une confortable pantoufle ?
Nous avons en France un énorme problème avec les grands corps de l'Etat, des organisations quasi-mafieuses qui se sont "partagé" le fromage, tel poste devant revenir aux uns, tel autre aux autres – le tout étant organisé par des "parrains" dans les bons papiers desquels on doit être si l'on veut faire carrière.
On a laissé se créer une caste dont les membres, certes à la tête bien faite mais aux compétences (comprises comme du savoir-agir reconnu) souvent douteuses, ne sont jamais tenus responsables de leurs actes. Il ne s'agit pas de faire la chasse aux erreurs, humaines, mais de chasser ceux qui ont failli, ceux qui se servant plutôt que de servir, ont en toute connaissance de cause et/ou par négligence contribué à l'effondrement d'un service public et/ou d'une politique publique.
La révolution des esprits que prône Alexandre Moatti ne va pas suffire. Il va falloir une grosse cure d'amaigrissement, changer le personnel, interdire le pantouflage, s'attaquer aux structures de pouvoir invisibles que sont les grands corps de l'Etat et surtout ériger en principe cardinal celui de la responsabilité individuelle, noptamment en supprimant la titularisation pour les fonctionnaires de catégorie A à partir d'un certain niveau de responsabilités dans la fonction publique d'Etat et assimilée (la magistrature, les universités etc.). C'est celui qui dirige qui prend la paume en cas de plantage. Sinon, nous n'en sortirons jamais.