Les Américains – pardon Barack Obama, Hillary Clinton et les néoconservateurs – ont mis les frères musulmans au pouvoir après les Printemps arabes qu'ils ont organisés. Leur projet consistait d'ailleurs à mettre des frères musulmans au pouvoir dans tous les pays arabes à l'exception du Golfe. Manière de poser la première pierre d'une "standardisation" de la région sur la base d'une même idéologie permettant à terme une intégration sur le modèle de l'UE. Les Allemands, alliés traditonnels de la confrérie, furent ravis.
Imaginez donc combien les Saoudiens, les Emiratis, les Jordaniens (où la cour suprême a interdit les frères musulmans) et l'Iran ont apprécié. C'est là la source de la recomposition qui survient depuis l'élection de Biden (et donc du retour au pouvoir des néocons) et dont le moteur est la volonté partagée par tous de mettre dehors les USA au point de voir l'Arabie Saoudite et l'Iran se réconcilier, de voir la guerre entre chiites et sunnites doucement s'évanouir. Avec l'aide de la Chine et de la Russie, qui n'ont ni visée impériale ni mission civilisatrice, contrairement à ce qu'on peut lire dans la grande presse occidentale.
L'armée et une partie de la population égytptienne ont chassé les frères musulmans. Leur leader, Mohammed Morsi, est décédé en prison.
La grande majorité des Egyptiens ont bien d'autres problèmes à régler – comme par exemple mettre du pain sur table – que de se préoccuper d'une élection effectivement sans enjeux. Sans compter que l'armée reste, comme dans de nombreux pays de la région, l'institution la plus forte du pays dont elle contrôle une part importante de l'économie. Elle est garante de la stabilité dans une Egypte ravagée économiquement par le contrecoup des sanctions occidentales contre la Russie.
-Papa, j'ai faim !
-Tiens mon enfant, reprend un peu de "démocratie".
Le maréchal Al Sisi n'est pas un grand démocrate. Il est néanmoins pas pire que les Ikhwani, a un bien meilleur bilan et se situe dans la pleine lignée de Nasser, Saddat et Moubarak. Laissons donc les Egyptiens décider en Egypte, sans interférer. Arrêtons d'essayer d'imposer à coups d'injonctions et de sanctions nos principes qui n'ont pas cours dans cette société.
(Curieux écho à l'affaire Discole, vous ne trouvez pas ? )