“Des bébés décapités, de nombreux bébés décapités, vous nous confirmez cette information ?”, demande le journaliste de BFM-TV en plateau à la porte-parole française de Tsahal, l’armée israélienne. “Oui, c’est une information que j’ai énormément de mal à confirmer mais elle est malheureusement vraie, des maisons brûlées, des bébés décapités, des personnes enceintes, des personnes âgées… un massacre”.
Passons sur le fait que l’officier se contredit dans la même phrase. Que le doute est donc plus que permis, ce qui n’empêche pas BFM de twitter, sur la base de tels propos, “Attaque dans deux kibboutz: une porte-parole de l'armée israélienne confirme qu'il y a eu "des bébés décapités"". Et hop, adjugé, prouvé.
Sans minimiser l’horreur des massacres de centaines civils innocents dont des enfants perpétrès par le Hamas, on va rappeler qu’en temps de guerre, la propagande, de tous bords, est un préalable à bien avoir en tête. On va aussi rappeler qu’il y a de lourds et gros précédents, et ils ne sont pas bien vieux. Rappelez-vous le faux charnier de Timisoara en Roumanie où il s’avéra que les cadavres exhibés devant les caméras du monde entier avaient été déterrés dans un cimetière. Qu’on se rappelle aussi le scandale des bébés prématurés arrachés de leurs couvreuses au Koweit : pour faire accepter la guerre du Golfe, on avait inventé un massacre de nouveaux-nés, decrit en directe à l'ONU par une membre de la famille royale koweiti. Les médias avaient gobé, avant finalement de se rétracter. Trop tard.
Il y a eu le vrai-faux massacre de Racak en 1999 au Kosovo, qui avait entrainé l'intervention de l'Otan. Plus près de nous, le massacre de Boutcha n’a officiellement toujours pas été éclairci, mais les médias occidentaux l’ont derechef attribué aux Russes. Et tant pis si la manœuvre est grossière. L’Eclaireur vous en avait parlé dans un article à lire ici.
Bref, il faut bien avoir en tête que dans une guerre, l’autre gros champ de bataille est celui de l’opinion publique. Sur le terrain médiatique. C’est somme toute classique, on ne le découvre pas maintenant. A croire que nos médias si. Mais à Kfar Aza, les médias ont franchi un palier. Car, les "informations" de ce qui reste des suppositions de décapitations de bébés, initialement propagées sur l’antenne de BFM (encore) par Mael Benoliel, journaliste à la chaîne franco-israélienne i24News, qui appartient au même groupe (Altice, groupe Drahi) que BFM, n'ont pas été confirmées par des sources militaires israëliennes.