En France, on a manifestement un peu de mal avec les effets secondaires des traitements. On ne va pas revenir sur les vaccins contre la Covid, le ministre le fait suffisamment pour tout le monde. Mais nous pencher sur Octobre rose, ce mois dédié à la sensibilisation au dépistage du cancer du sein, qu'il est de bon ton de soutenir, et surtout de le faire savoir – le fameux ruban rose.
On va résumer grossièrement la campagne, telle qu'elle s'affiche un peu partout : la mammographie de dépistage, tous les deux ans, c'est bien. Cela permet de détecter plus tôt, et d'augmenter ainsi les chances de survie.
Sauf qu'il y a le revers de la médaille : le dépistage, tous les deux ans, ne met pas à l'abri de la survenue de ce que l'on appelle un "cancer de l'intervalle". Bref, il faut continuer de s'auto-dépister et/ou consulter son médecin. La mammographie détecte parfois trop bien aussi : ce sont les sur-diagnostics et les sur-traitements. Et il arrive également que la patiente, exposée à des rayons de manière répétée, hérite d'un cancer. Tout ceci est désormais entendu et avéré. Et là, on ne parle pas de la controverse sur les bénéfices attribués au dépistage, que certains mettent devantage sur le compte du progrès dans les traitements.
Quand bien même la balance bénéfices-risques penche en faveur des premiers (les bénéfices), au nom du consentement éclairé du patient, on s'attendrait à ce que la campagne, rose ou pas, expose les deux faces du dépistage. Et bien non. Pas un mot des effets indésirables sur le site de la fondation Arc pour la recherche sur le cancer. Mais tout un tas d'onglets sur comment organiser une collecte en ligne ou faire un don. Pas mieux sur le site de la Ligue contre le cancer où, là aussi, la cagnotte s'affiche en grand.
Même topo sur Ruban rose, l'association à l'origine d'Octobre rose, déclinaison de la campagne américaine en France, et qui a permis de collecter 3,3 millions d'euros depuis 2004.
Seul l'Institut national du cancer, qui avait été à plusieurs reprises épinglé par le magazine Que Choisir, notamment pour avoir classé la controverse sur l’utilité du dépistage à partir de 50 ans comme une infox, fait mieux, qui parle des "bénéfices" mais aussi des "limites" du dépistage.
Mais qu'importe puisqu'on a les outils, dixit Aurélien Rousseau. Et qu'il s'agit seulement de s'en saisir. Que la France manque de gynécologues et derrière, de médecins généralistes qui pourraient prendre le relais, n'est sûrement pour rien dans le fait qu'une femme sur deux ne s'en remette pas au dépistage systématique...