Israël a demandé au million d'habitants de Gaza City d'évacuer la ville vers le Sud de la bande afin de préserver des vies civiles. Louable, mais comment distingue-t-on un civil d'un combattant du Hamas en civil? Comme discrimine-t-on un civil afghan d'un taliban ? Comment le fait-on sur des routes encombrées d'embouteillages monstres de gens qui fuient des bombardements ?
L'objectif israélien semble être de détruire "l'infrastructure" du Hamas, donc de bombarder en masse avec des "bunker busters" ou équivalent, seul moyen de le déloger de ses installations souterraines. Accomplir cet objectif signifiera raser une bonne partie de la ville. Et quand bien même: rappelons nous les bombardements de masse américains pour réduire la piste Ho-Chi Mihn au Laos: aucun effet militaire, des centaines de milliers de victimes civiles. Quant à un "nettoyage" par une opération de grande envergure au sol, il sera tellement meurtrier que même l'opinion publique israélienne ne l'acceptera pas.
Où iront les habitants qui auront évacué? Vers le Sud, en direction de l'Egypte. On a pu entendre certains ces jours derniers dire que l'Egypte pourrait accueillir les Gazaoui. Des grands malades veulent créer une nouvelle Nakba (catastrophe en arabe, mot que les Palestiniens utilisent pour décrire leur exode forcé en 1948).
Il faut sérieusement grésiller du trolley pour croire que les Egyptiens accueilleront des frères musulmans financés avec l'accord de Netanyahu par le Qatar, qui n'est pas un ami du pays des pyramides. Frères musulmans dont les égyptiens ont déjà tant de mal à se débarrasser chez eux, alors que la confrérie y naquit. Le maréchal Sisi a déjà dit que c'était hors de question. Il lui faudrait grésiller encore plus du trolley pour refaire l'erreur du Liban.
A moins qu'il ne s'agisse de forcer le Hamas à transférer les otages vers le Sud afin de les identifier par reco aérienne et de les libérer, ce qui est tout aussi imbécile, le Hamas s'étant vraisemblablement déjà assuré qu'une partie n'est pas détenue dans Gaza City. Tout en empêchant le mouvement de ses combattants, un peu comme la Wehrmacht le fit en France en 1940.
Israël, qui a déjà subi une défaite stratégique majeure, est en train de s'enferrer dans une impasse stratégique...