Il y a comme de la friture sur la ligne. Tout le monde se rappelle que, le 25 septembre, lors du discours sur la planification écologique, Emmanuel Macron avait dit vouloir "reprendre le contrôle des prix de l’électricité". Non pas sortir de l'absurde système de fixation des prix européens – indexé sur celui de l’électricité produite à partir de gaz, beaucoup plus cher que l'électricité produite à partir de l'énergie nucléaire. Non pas négocier une dérogation comme l'ont fait l’Espagne et le Portugal non plus.
Non, l'idée plus ou moins avancée était de reprendre le contrôle en plafonnant les prix de l'électricité nucléaire. Le mécanisme imaginé induirait, comme cela a été expliqué au Monde, de capter la "rente" dégagée au-delà d'un certain seuil pour la redistribuer sous forme d’aide aux ménages et aux entreprises. Et tant pis si, avec des prix plafonnés, EDF perd encore un peu plus d'argent...
Une sorte de "en même temps" qui permettrait de s'émanciper du marché afin de ne plus en subir les variations de prix, mais sans le quitter, afin de ne pas froisser Bruxelles. Même si on peut aussi voir dans la manœuvre une manière de couper l'herbe sous le pied des oppositions, qui toutes réclament la sortie unilatérale du marché européen.
On ne sait si l'idée a conquis Berlin, nulle doute que la question était au centre des échanges du séminaire franco-allemand qui s'est tenu à Hambourg les 9 et 10 octobre, à une semaine du Conseil européen consacré à l’énergie.
Toujours est-il que, derrière, des intentions sont toutes autres, comme le laisse à penser un projet de décret qui a opportunément fuité jusqu'à atterrir entre les mains de La Tribune. Pour éviter un blackout, l’Etat serait ainsi prêt à tester une limitation forcée de la consommation pour 200 000 Français équipés d’un compteur Linky. Et ce sans recours ni indemnisation possible.
Passons sur le fait que ceux qui s'inquiétaient d'un potentiel contrôle de la consommation via ces nouveaux compteurs étaient il n'y a pas si longtemps traités de complotistes (mention spéciale encore une fois au Ckecknews de Libération)... Passons aussi sur la cohérence avec l'électrification à toute berzingue du parc automobile français poussé par l'Europe...
En septembre 2022, un arrêté avait déjà donné la possibilité de suspendre momentanement l’alimentation électrique des chauffe-eau des usagers équipés d'un Linky. Le nouveau projet de décret vise, lui, les "équipements courants peu énergivores" pendant une durée maximale de quatre heures. Une mesure, certes en pré-phase de test, dont Agnès Pannier-Runacher s'est bien gardée de se vanter lors du colloque organisé ce 12 octobre. Quelques heures avant que le document ne fuite dans les médias.