Le peuple, tout ça, ça commence à bien faire. Les Républicains veulent un référendum sur l'immigration ? C'est pas que la Macronie ne veut pas. Non, elle a juste pas le temps. Pas le temps de faire "référendum sur référendum" (sic) dixit Sacha Houlié, le président de la commission des lois à l'assemblée nationale à l'antenne de Sud Radio. Depuis quand le peuple peut-il être consulté ? Depuis quand appliquerait-on l'article 3 de la Constitution qui dit que "la souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice" ?
Certes, l'exercice du référendum est en France très encadré et nécessiterait de réviser la Consitution pour élargir son champ. Car aujourd'hui, une consultation ne peut porter que "sur l'organisation des pouvoirs publics, sur des réformes relatives à la politique économique ou sociale de la nation et aux services publics qui y concourent".
Pour la petite histoire, rappelons que le dernier référendum en France remonte au 29 mai 2005. Il s'agissait que les Français approuvent, ou non, le traité établissant une Constitution pour l'Europe. Ce sera "non" (54,68 % des suffrages exprimés) et pourtant on y avait mis le paquet côté temps d'antenne. Qu'importe. Le traité de Rome II black-boulé, le texte était illico remplacé par un autre, le traité de Lisbonne, derechef enterriné en 2007.
Du coup, on comprend mieux la suite des propos de Sacha Houlié. Toujours à l'antenne de Sud Radio, le député macroniste a jugé le référendum "purement cosmétique". On peut en effet le voir comme ça. On peut aussi le voir à l'aune des sondages, qui ne fleurent pas vraiment la politique d'accueil indifférencié, ni la politique macroniste du "en même temps".
D'après la dernière étude Odoxa Backbone consulting pour Le Figaro, 74% des Français rejettent la politique immigration du gouvernement. Selon un autre sondage, du think-tank Confrontations Europe et l'institut Viavoice, 71% des Français estiment les arrivées trop importantes dans l’Hexagone. Selon un autre, pour BFMTV, 65% des Français sont opposés à l'accueil des migrants de Lampedusa, mais 63% favorables à l'accueil des réfugiés politiques.
Evidemment, ça ne reste que des songades. Et résumer l’« opinion » à une seule question n'a pas beaucoup de sens. Sauf que, partout en Europe, celle d'Amsterdam, de Schengen, du traité de Rome et de la directive sur les travailleurs détachés, cette Europe de la libre circulation, ça verrouille de toutes parts.
Le Danemark va intensifier sa lutte contre les travailleurs étrangers illégaux. L'Allemagne remet les contrôles à ses frontières, avec la Suisse, la Pologne et la République tchèque, dérogeant (moyenannt l'aval de Bruxelles) à l'espace Schengen.
L’Autriche s'y met aussi, qui contrôle dare-dare voyageurs slovènes, hongrois et tchèques. La Norvège, qui n’est pas membre de l’UE mais fait partie de l’espace Schengen, contrôle dans les villes portuaires où arrivent les voyageurs en provenance du continent européen quand la Suède s'y plie à toutes ses frontières. Quant à la France, elle a installé des contrôles à chacune de ses frontières, au nom de la lutte contre le terrorisme. Ainsi faisant, un quart des pays de l’espace Schengen, jadis "joyau de la couronne de l’intégration européenne", a mis en place des contrôles aux frontières affectant la moitié de la population.
"Les Républicains cherchent peut-être à prospérer sur le malheur que vit notre pays à chaque attentat", s'est défendu Sacha Houlié. C'est vrai que Gerald Darmanin non... Après l'attentat d'Arras, le projet de loi immigration, qui doit commencer à être examiné par le Sénat le 6 novembre, devrait être durci.