L'échec de la diplomatie française, dont L'Eclaireur vous narrait un épisode à écouter ici, n'est peut-être bien qu'un nouvel épisode d'une dégringolade annoncée. On avait déjà eu un petit aperçu de l'état de notre diplomatie, et au rang auquel elle est renvoyée, par notre apprenti diplomate. Qu'on se rappelle les camouflets infligés à Emmanuel Macron en Chine ou en Russie. Qu'on se rappelle aussi l'attitude du chef de l'Etat français en Afrique (le coup de la clim restera dans les annales). Au niveau de l'UE, même débandade où on a vu la présidente de la Commission européenne, l'incontournable Ursula von der Leyen, s'improviser présidente du Conseil et s'arroger la compétence des affaires étrangères, qu'elle n'a pas.
Le problème est qu'il est fort à parier que tout ceci ne va pas aller en s'arrangeant. Tout le monde l'a plus ou moins oublié mais Emmanuel Macron s'est pris de réformer la haute fonction publique et de supprimer le corps diplomatique pour l'intégrer et le diluer dans un nouveau, celui des « administrateurs de l’État ». Et ce en pleine guerre en Ukraine. Tout un symbole... La France qui dispose (jusqu'à quand ?) du troisième réseau diplomatique au monde a ainsi fait une croix sur ses diplomates professionnels, dont le métier s'apprend moyennant une longue expérience sur le terrain. Désormais n'importe quel haut fonctionnaire dépendant du Quai d'Orsay ou d'autres ministères peut être nommé ambassadeur, consul général ou directeur. Et tant pis si la valse des postes et nominations – sans parler du bagage et des compétences – laissent augurer d'une diplomatie en pointillé.
C'est ce qu'on appelle être dans l'air du temps. Alors que le nombre d'Etats-nations s'est multiplié avec la chute de l’empire soviétique et l’explosion de la Yougoslavie, alors que tout ceci est en train de se recomposer, la France (comme la plupart des pays occidentaux) y va au rabais, rabotant crédits et coupant dans le personnel. En vingt ans, le Quai d'Orsay a ainsi perdu 30 % de ses effectifs, subissant la concurrence grandissante d'agences comme l'Agence française de développement.
Pour remonter la pente, le député LFI Arnaud Le Gall estime qu'il faudrait recruter 1.500 personnes sur cinq ans, soit plus de 10 % des effectifs actuels. On en est loin. Les états généraux de la diplomatie convoqués pour éteindre la fronde ont beau avoir annoncé 700 équivalents temps plein en plus entre 2024 et 2027, la promesse se fait attendre, qui ne s'est pour l'instant pas traduite par une augmentation du recrutement. Pour l'association française des diplomates de métier, au contraire même, "de nombreux signaux alarmants ont été envoyés aux agents de ce ministère, donnant le sentiment d'une accélération de la décomposition de notre ministère". Il y a bien une solution : laisser Ursula von der Leyen ... non, pardon Charles Michel, s'arroger la totale compétence en lieu et place des 27...