Le ban et l'arrière-ban de la bien-pensance hurle. Imaginez-vous qu'un peuple a encore mal voté ! Les Argentins, ces saligauds de gauchos mal dégrossis, ont élu président de leur pays à 56% des suffrages Javier Milei, le "nouveau Trump". Cet asticot à la coupe de cheveu façon Elvis à Las Vegas a commencé par arracher d'un tableau les noms de tous les ministères qu'il juge inutiles : sports et tourisme, culture, environnement, femmes et diversité, équipement, sciences technologie et innovation etc.. Au fou, s'esclame-t-on sur tous les plateaux. Au fou d'extrême droite !
Les prises de postions de Javier Milei sont rock'n roll et radicales. C'est un populiste de droite dans la plus pure tradition argentine mais, pour une fois, sans le militarisme. Cela veut-il dire pour autant dire que ce qu'il avance est sans intérêt ?
Les ministères qu'il compte supprimer sont soit ceux qui permettent à des classes parasistes de se goinfrer alors qu'elles n'apportent rien à la société, soit les ministères qui sont à l'origine du clientélisme politique, soit les ministères qui sont à l'origine de la corruption publique.
Prenons en France le ministère de la culture, qui subventionne grassement non pas la création artistique, non pas les artistes mais les producteurs de cinéma, de musique, de spectacles, les éditeurs etc. Ce sont des activités concurrentielles où la concurrence pour les faveurs du public est une excellente chose car poussant à la qualité. La médiocrité aboutie du cinéma français, de la musique française ? Ne cherchez pas plus loin: les rentes distribuées n'appellent qu'à leur reconduction et donc à ne pas heurter ceux qui les accordent. Le ministère de la culture ne devrait-il pas d'abord se concentrer sur la préservation de notre patrimoine matériel et immatériel pluôt que de se mêler d'activités économiques à but lucratif relevant de la consommation de masse ?
Prenez la presse subventionnée, qui ne travaille pas pour le public, pas pour les lecteurs mais pour ceux qui lui accordent prébendes sur le dos du contribuable. Le montant des subventions, heureux hasard, est très proche de la masse salariale, quel que soit le titre considéré. Sans subvention, on est dans l'obligation de poser la question de ce qui importe au lecteur plutôt que de chercher à complaire aux pouvoirs détenteurs du carnet de chèque.
Ce que de manière foutraque Javier Milei montre, c'est l'existence de systèmes de pouvoirs qui ne servent que ceux qui en font partie et non pas l'ensemble de la société. Et que ces systèmes saignent à blanc les hôtes sur lesquels ils vivent. Il pointe du doigt l'absurdistan bureaucratique qui, contrairement aux idées reçues, n'est pas le fruit du hasard mais de l'aggrégation par voie de réglements de multiples intérêts particuliers et étroits. Javier Milei le fait à sa manière outrancière, qu'on peut goûter ou pas.
Qu'on soit de droite ou de gauche, on conviendra qu'en démocratie l'Etat doit être fermement contenu dans le domaine qui est le sien et ne pas se mêler, pas exemple, des libertés et de la vie privée des citoyens. L'Etat doit par nature avoir des limites et l'y contenir demande une vigilance de chaque instant. L'Etat français et les institutions européennes aujourd'hui se mêlent de tout, signe de leur faillite à remplir convenablement les missions qui leur incombent. Missions qui ne consistent pas à s'assurer que les gens se comportent comme ils l'ont décidé mais à proposer - et non pas à imposer - les conditions d'un développemement social, économique et culturel harmonieux et juste.
Les Argentins ont élu Javier Milei. C'est leur choix souverain. Au lieu de leur cracher dessus, si on les écoutait et si on jugeait Javier Milei à l'usage ? Après tout, l'Argentine n'est pas la France. Mais la classe politico-médiatique française, qui en permanence a besoin d'agiter des épouvantails pour exister, va continuer comme si de rien n'était. La presse aussi : forcément, ce ne sont pas ses lecteurs qui la financent et elle n'a pas pour raison d'être d'informer le public, mais de former l'opinion publique.