Les sénateurs centristes réclament une commission d’enquête sur la production, la consommation et le prix de l'électricité. Dix ans après celle sur le coût réel de l'électricité et un an après la commission d'enquête parlementaire sur les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France dont l'exécutif n'a pour l'heure guère tiré d'enseignement. Sur les trente propositions issues des centaines d'heures de travail et d'audition des députés, une seule a été mise en œuvre : la réexploration du sous-sol par le BRGM.
La refonte du marché européen de l’électricité et la suspension de l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh), ce mécanisme complexe qui permet à des acteurs indépendants d’acheter de l’électricité à EDF à un prix fixe pour la revendre ensuite ? La question ne transperce jamais, pas plus dans les débats politiques que sur les plateaux des médias.
C'est ainsi que la prochaine programmation pluri-annuelle de l'énergie (PPE) dont L'Eclaireur a raconté combien la feuille de route tournait un peu dans tous les sens mais devrait suivre son train, au rythme d'une programmation tous les dix ans avec révision à mi-parcours. Passons outre le fait que la dernière révision, dont la date butoir était fixée à juillet, n'a pas encore eu lieu et que la PPE est loin, très loin, d'avoir tenu ses précédents objectifs. A se demander, vu qu'il n'y a aucune contrainte, à quoi elle sert. Se fixer des objectifs à un terme qui convienne mieux à un secteur de l'économie où la programmation et les investissements se comptent en plusieurs dizaines d'années ? C'est du reste ce que réclamait la comission d'enquête : une programmation sur plusieurs décennies. Proposition qui pour l'heure, ne semble guère avoir plus de succès que la suspension de l'Arenh.
Même sur-place à propos du nucléaire durable, les réacteurs de la génération IV et la fermeture du cycle. Et colère sur les réseaux sociaux de Yves Bréchet, l'ancien PDG du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) – dont l'audition avait été autant relayée que saluée en son temps – que l'on vous relaie ici.
"J’avais dit à quel point les « rapports techniques », demandés par le gouvernement pour éclairer ses décisions, étaient comme « reliés des deux cotés ». Ainsi sur le sujet de la fermeture du cycle, le rapport de l’OPECST sur l’arrêt d’Astrid (S.Piednoir, T.Gassilloud) a été prestement enterré, et en 2018 le rapport « Descatha-Collet Billon », recommandant le lancement immédiat de la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, avait été classé « secret défense » par l’Elysée".
Déni de démocratie
"Mais cette fois, il s’agit du rapport d’une commission d’enquête parlementaire officielle, demandée par l’Assemblée nationale. Enterrer un rapport technique est une faute. Enterrer un rapport de commission d’enquête de l’assemblée de nos représentants démocratiquement élus est un déni de démocratie parlementaire. S’y résoudre reviendrait de facto à entériner la propension de l’exécutif à piétiner le parlement. Il ne s’agit pas de savoir si on est d’accord ou pas avec les recommandations, il s’agit de savoir quelle suite leur est donnée, et qu’il en soit rendu compte au parlement."
On se demande bien d'où lui vient cette idée d'un probable enterrement dudit rapport... C'est pas comme si un autre rapport qui avait fait du bruit lui aussi, celui sur la situation de l'hôpital et le système de santé, avait sombré corps et âme... Parmi les propositions des sénateurs, seule celle d'un ratio minimal de soignants par patient, a suivi son cours : le sénat a voté la proposition de loi.
Et ça s'est arrêté là.
A peine a-t-on entendu l'appel de 1 200 soignants relayé dans une tribune dans Le Monde (une tribune, pas un article...) – dont l'accès est soit dit en passant réservé aux abonnés payants alors qu'on cherche vainement la valeur ajoutée du travail journalistique. Un appel pour réclamer que le texte soit également voté par les députés à l’Assemblée nationale. On en est donc là...
Pendant ce temps, la crise de l'hôpital dure, celle de l'énergie aussi.