Les spécialistes géopolitiques du service public audiovisuel sont des boussoles qui montrent le Sud. Très prompts et serviles dès qu'il s'agit de régurgiter la propagande américaine.
Taïwan a été une dictature pendant des années (pays sous loi martiale jusqu'en 1988) et l'identité taïwanaise n'est pas celle des 3 ou 4 millions de fidèles de Tchang Kaï-chek qui s'y réfugièrent en 1948. Il y avait déjà une population autochtone.
Taïwan n'est pas une démocratie même si on y tient des élections. Disons qu'il y existe une forme de pluralisme. La vie politique y est dans les faits contrôlée par le crime organisé, les triades. Elles sont au nombre de trois - Alliance célèste, Bambou uni et La Bande des quatre mers. Et – hasard ? – il y a trois candidats à l'élection présidentielle le 13 janvier prochain. Arte vient de diffuser une série documentaire en trois parties plutôt bien faite, sauf que la présentation de ces triades comme étant "L'empire des mafias chinoises" la transforme immédiatement en objet de propagande complètement biaisé. Ces triades sont taïwanaises, elles ne sont pas originaires de Chine continentale même si elles y ont d'importants intérêts économiques licites, avec l'accord de Pékin.
Ces triades ont conclu un modus vivendi avec le secteur économique licite et les puissants industriels taïwanais : elles ne se mêlent pas de leurs affaires ni de la finance et, en échange, elles ont la main haute sur les ports, sur le racket des petits commerçants, sur l'ensemble des activités illicites, sur les marchés publics (rappelez-vous de tous ces morts dans l'affaire des frégates de Taïwan) et le contrôle de l'électorat. Elles ne sont somme toutes pas très différentes des Yakusas japonais, qui ont amplement été utilisés par l'occupant américain à partir de 1945 pour maintenir l'ordre social et politique qu'il avait imposé.
Ce qui achoppe dans l'analyse de Pierre Haski est qu'aucun des trois candidats à l'élection présidentielle ne propose de rapprochement politique ou de réunification avec la Chine. Aucun ne remet en cause "la démocratie" !
Le DPP dont il est question – parti démocratique progressiste, Mínjìndǎng en mandarin taïwanais – est le parti nationaliste au pouvoir, soutenu par les USA, dont on sait la propension à truquer les élections à l'étranger. La Chine, elle, a le temps...