Quand ça veut pas, ça veut pas... Le câble a à Grenoble ses promoteurs et partisans. Qui louent sa capacité à s'affranchir de deux rivières et une autoroute. C'est du reste un peu le principe du téléphérique : prendre de la hauteur. Pour le reste, à L'Eclaireur, on n'est pas bien convaincu, vous l'aurez compris. Parce que le projet, non content de cocher un nombre considérables de cases en sa défaveur – nous n'allons pas y revenir, nous avons suffisamment écrit là-dessus – a opté pour un tracé pour le moins "original" pour ne pas dire casse-figure : en zigzag (L'Eclaireur vous en parlait là). Résultat imparable : à force des faire des angles là où une ligne continue aurait prévalu, et donc de doubler des équipements, la facture a explosé. On est à 17 millions d'euros du kilomètre.
Un autre n'est pas convaincu par ce tracé, et non des moindres : Denis Creissels, l'inventeur et le concepteur (entre autres) des bulles de Grenoble, celles – très emblématiques – qui des quais de l'Isère rejoignent la Bastille et font la fierté de la ville. Il s'en est fendu sur le registre des contributions de l'enquête publique.
"Tout au long de ma carrière de plus de cinquante ans dans le domaine du transport par câbles (300 installations dans le monde) je me suis efforcé de concevoir et de développer des installations innovantes (plus de 60 brevets, 20 premières mondiales et records) aptes à résoudre le problème particulier qui m’était posé".
"C’est en suivant le principe que c’est la fonction ou l’usage qui doit amener la réponse à apporter à un besoin particulier qui ne pouvait être résolu qu’imparfaitement par des installations standards que DCSA a été conduit à proposer des installations qui remettaient souvent en cause les solutions les plus traditionnelles des constructeurs. C’est cette recherche permanente de la bonne solution qui fut à l’origine de mes innovations qualifiées de « Creisseleries » par la profession", écrit-il
" Le défi pour les villes et agglomérations, aujourd’hui, est de pouvoir offrir des transports publics pour de plus en plus de personnes, dans de très bonnes conditions de confort et de sécurité et en réduisant les coûts et l’impact environnemental. La solution en sous-sol est très chère, le niveau routier est saturé. L’aérien reste donc une possibilité encore sous exploité dans nos villes."
"Pour autant, les caractéristiques urbaines – espaces disponibles limités, rues et avenues perpendiculaires…– et les contraintes des télécabines – gares de grandes dimensions pour accueillir les mécanismes d’accélération et de décélération, difficulté à tourner… – ne peuvent trouver une réponse pertinente par une transposition en plaine, obligatoirement bancales, d’installations à câbles conçues pour un usage touristique en montagne."
"Je le répète, c’est la fonction qui doit créer l’organe. En ville, le cahier des charges à retenir, c’est assurer une desserte rapide, confortable et sure, dans un espace limité et contraint. Une télécabine standard (organe) en milieu urbain contraint (multiples virages) n’est pas à mes yeux une réponse pertinente et performante à cette fonction de transport public vertueux à assurer."
(photo de Une : Grenoble Tourisme)