Haro sur le baudet, Gérard Larcher ne souhaite pas que le droit à l'IVG soit inscrit dans la Constitution – le projet de loi constitutionnelle doit être examiné à partir du 24 janvier à l’Assemblée nationale. "La Constitution n’est pas un catalogue de droits sociaux et sociétaux", a fait valoir le président du Sénat.
Rappelons que le Conseil constitutionnel est toujours resté en retrait sur les sujets sociétaux, ne possédant pas de pouvoir d’appréciation en la matière, qui est l’apagnage du parlement dont Gérard Larcher est un de ses représentants. Mais que surtout, constitutionnaliser l'IVG ne sacrera en rien le droit à l'avortement en France. La loi Veil, complétée neuf fois pour faciliter l’accès à l’IVG, est là pour le rappeler. Et c'est dans la loi, et non la Constitution, qui s'attache aux valeurs fondamentales – telle la liberté – que sont gravés dans le marbre les détails – les délais pour avorter par exemple. Bref, c'est purement symbolique et aussi sûrement très politique.
L'Eclaireur vous en parlait largement là : [ Droit à l'avortement, suite ] Interruption volontaire de discernement
Pour résumer, outre le fait que toute comparaison avec la situation aux Etats-Unis est complètement farfelue, juridiquement, constitutionnaliser l'IVG ne sert tout simplement à rien. "C'est un copié-collé du droit positif existant", résume Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit émérite. Car la liberté, dont la liberté de la femme, dont la liberté d'interrompre sa grossesse, est déjà garantie par la Constitution. Bref, l'article 34 du projet de loi constitutionnel – "la loi détermine les conditions dans lesquelles s'exerce la liberté garantie à la femme d'avoir recours à une interruption volontaire de grossesse" – est d'une totale inutilité.
C'est au mieux symbolique, pour les féministes. Un écran de fumée, voire un coup politique. Mais comme il va être difficile d'agiter le chiffron rouge du RN sur le sujet, Jordan Bardella ayant écarté toute remise en cause de la loi Veil, nous on conseille l'épouvantail Poutine – qui a qualifié l'IVG de "problème grave" face à la chute de la natalité – très en vogue actuellement et notamment depuis que Bruno le Maire l'a sacré premier responsable de la hausse de la facture d'électricité.