"Nous inscrirons l’objectif de souveraineté dans la loi. Nous consacrerons dans le code rural l'agriculture comme un intérêt fondamental de la nation ".
Voilà donc, sans mauvais jeu de mots, qu'on nous ressort le bon vieux slogan d'une souveraineté à retrouver qui ne mange pas de pain. D'abord parce que, comme le souligne l'économiste Maxime Combes, l'objectif de souveraineté alimentaire est déjà inscrit dans la loi. C'est l'article L1 du code rural. Qui dit :
La politique a pour finalités de "sauvegarder et, pour les filières les plus à risque, de reconquérir la souveraineté alimentaire de la France et de promouvoir l'indépendance alimentaire de la France à l'international, en préservant son modèle agricole ainsi que la qualité et la sécurité de son alimentation et en préservant les agriculteurs de la concurrence déloyale de produits importés issus de systèmes de production ne respectant pas les normes imposées par la réglementation européenne".
Elle est au surplus comprise dans l'article 410-1 du code pénal : "Les intérêts fondamentaux de la nation s'entendent au sens du présent titre de son indépendance, de l'intégrité de son territoire, de sa sécurité, de la forme républicaine de ses institutions, des moyens de sa défense et de sa diplomatie, de la sauvegarde de sa population en France et à l'étranger, de l'équilibre de son milieu naturel et de son environnement et des éléments essentiels de son potentiel scientifique et économique et de son patrimoine culturel".
Cette souveraineté a été mise à toutes les sauces. Au final le mot-valise ne veut pas dire grand-chose sauf à considérer que le slogan n'est que pure communication. C'est ainsi au nom de la nécessaire relocalisation des médicaments essentiels en France – qui dure, il y a toujours des pénuries touchant à la louche 3 000 médicaments dans le pays – que l'Etat prévoit de financer Seqens à hauteur de 20 %. En 2021, le spécialiste français des solutions pharmaceutique est passé sous pavillon américain.
Même chose du côté de la filière de la micro-électronique. L'Etat s'est beaucoup gargarisé de sceller le partenariat qui doit permettre de développer la production de semi-conducteurs en France. Et tant pis si les 2,9 milliards d'euros de subventions iront tout autant à STMicro qu'à l'américain Global Foundries avec qui le franco-italien s'est associé. Tant pis surtout si la souveraineté appliquée aux puces ne veut rien dire. Car le semi-conducteur est certes le composant de base, mais il n'est rien au-delà des beaux discours sans les circuits imprimés ou les composants passifs. Il n'est rien non plus sans le back-end – les tests et contrôles. Or, quand il y a eu pénurie, la moitié ne venait pas des semi-conducteurs...