L'Humanité, journal de Jean Jaurès, toussa toussa, on connait la rengaine. Pourquoi ne pas directement classer L'Humanité monument historique tant qu'on y est?
Loin de nous de juger la ligne éditoriale de ce vénérable canard, qui est très loin d'être le plus mauvais. L'Humanité, c'est même plutôt bon. Constatons cependant que sans les subventions publiques, il aurait fait faillite depuis plus de vingt ans. Ce n'est pas le rôle du contribuable français de garder en vie un titre que très peu de gens lisent.
Le pluralisme ne justifie en aucun cas le maintient des aides directes à la presse.
Voici le palmarès des journaux les plus subventionnés en euros par numéro.. Les cocos, Bernard Arnault et les cathos, meme comba t! Qui l'eût cru ?
- L'Humanité : 48 centimes (2013), 46 centimes (2016), 50 centimes (2021)
- Aujoud'hui en France: 45 centimes (2021)
- La Croix : 32 centimes (2013), 15 centimes (2016), 17 centimes (2021)
- Le Nouvel Obs : 29 centimes (2013), 1,8 centime (2016), 1,7 centime (2021)
- Libération : 24 centimes (2013), 24 centimes (2016), 24 centimes (2021)
- L'Express : 23 centimes (2013), 1 centime (2016), 6,7 centimes (2021)
- Le Point : 20 centimes (2013), 1,7 centime (2016), 7,5 centimes (2021)
- Le Monde : 19 centimes (2013), 5,5 centimes (2016), 4 centimes (2021)
- Le Figaro : 17 centimes (2013), 5,8 centimes (2016), 7 centimes (2021)
- Ouest-France : 6 centimes (2013), 2,1 centimes (2016), 1 centime (2021)
- Le Parisien : 4 centimes (2013), 2,4 centimes (2016), 2,5 centimes (2021)
"Pour L’Humanité et La Croix, ces chiffres incluent les « fonds d’aide aux quotidiens nationaux d’information politique et générale à faibles ressources publicitaires » destinés à soutenir les titres qui bénéficient structurellement de recettes publicitaires faibles compte tenu de leur positionnement éditorial. Ces deux journaux ne récoltant respectivement que 11,3 % et 7,3 % de leurs ressources par recettes publicitaires" peut-on lire sur Wikipedia. La publicité est une plaie encore pire que les subventions, les annonceurs poussant à des lignes éditoriales fades et molles correspondant aux "valeurs de leur marque"...
Quand un journal rencontre des difficultés financières, il n'y a pas trente-six solutions. Et la solution ne comprend pas les subventions. Soit on change la ligne éditoriale pour toucher un public plus large, soit on réduit la voilure en ne publiant par exemple qu'un journal papier que de manière hebdomadaire, le quotidien étant assuré par le numérique.
La Cour des comptes y est même allée d'un "pour coûteuses qu’elles soient, les aides à la presse n’ont pas démontré leur efficacité." Il faut bien comprendre comment fonctionnent les subventions à la presse et se mettre d'accord sur la définition de l'éfficacité. Les aides sont décidée par le ministère de la culture et les éditeurs de presse souhaitant en bénéficier doivent signer une convention cadre. Un véritable pacte avec le diable car si ces conventions ne concernent en théorie pas les lignes éditoriales, on peut voir quelques dérives comme par exemple la décision de la Commission paritaire des publications et agences de presse de retirer l'agrément d'Information générale de France Soir, décision qui fut annulée en référé par la justice. Les positions de France Soir durant la Covid n'ont bien évidemment rien à voir là-dedans, il ne s'agit absolument pas de basse politique et encore moins de censure indirecte. Une commission paritaire composée de représentants de l'Etat et de professionnels de la presse : que pourrait-il donc se passer de mal pour la presse indépendante et peu conformiste?
Seule la diffusion de la presse revêt un intérêt général, en s'assurant qu'elle soit distribuée sur l'ensemble du territoire. La distribution de la presse est un monopole détenu par des coopératives telles que la Coopérative des quotidiens et Les messageries lyonnaises de presse. Un monopole pour garantir l'intérêt général, excellente chose. Où ca devient amusant c'est quand on constate que des aides à la diffusion sont non pas touchées par les distributeurs qui facturent le même prix à tous les titres (en fonction du poids, du format etc.) mais par les titres eux-mêmes et que ces subventions varient grandement d'un titre à l'autre pour généralement se monter, fait du hasard, à la masse salariale de la rédaction du titre considéré.
Si l'on voulait vraiment assurer l'intérêt général, on subventionnerait directement la diffusion auprès des distributeurs du même montant à l'exemplaire distribué pour tous les titres, non?
Les médias mainstream sont morts. S'ils bougent encore, c'est grâce aux aides qui profitent en premier chef aux titres possédés par les oligarques. Le seul modèle économique viable pour la presse est d'être financée à 100% par ses lecteurs. Pas par l'Etat, pas par la publicité. Tenez, comme nous. Abonnez vous !