En matière de "souveraineté" numérique, on passe de pas beaucoup d'exigences à pas du tout... Les Gafam – parmi les plus gros lobbyistes auprès des institutions européennes – sont en passe d'être dispensées de conclure des joint-venture avec des sociétés européennes pour pouvoir contractualiser dans l'UE, apprend-on de Reuters.
Les fournisseurs de cloud seront seulement tenus de fournir des informations sur le traitement des données des clients et l’emplacement du stockage. Vu que l'extraterritorialité et notamment américaine (elle existe aussi en Chine) s'applique où que soient les données dans le monde à partir du moment où l'entreprise est américaine ou qu'elle utilise des comptes bancaires en dollars, des services d’entreprises américaines ou même qu'elle fait appel à des salariés originaires des Etats-Unis, cela revient à laisser la porte complètement ouverte.
Relire à ce titre l'interview dans L'Eclaireur de Bernard Benhamou : "Dans le domaine numérique, l’Europe n’a pas manqué une occasion de manquer une occasion"
Rappelons qu'en France, Microsoft s'est allié avec Orange et Capgemini dans l'objectif de répondre à l'appel d'offre du Health Data Hub, la future base de données de santé de tous les Français, promis en 2025. Et que Google s'est allié à Thalès pour développer un cloud "de confiance" (non, on ne dit plus souverain).
Demain, on n'aura même plus besoin d'un cheval de Troie... Si la modification est adoptée – le projet est actuellement en cours d’examen par les pays de l’UE avant d'être validé par la Commission européenne – tout ceci se fera directement, sans même plus se cacher,.
Rappelons que Microsoft a plusieurs fois été épinglée pour être une vraie passoire en matière de cybersécurité. Et que le géant américain vient de faire l'objet d'un rapport cinglant de la part des autorités américaines après que des pirates chinois soient parvenus à espionner des comptes mail de cinq cents hauts fonctionnaires américains.
Rappelons aussi que dans l'Hexagone les cyberattaques se multiplent, et notamment sur les bases de données santé et travail, sans que la récurrence ne semble beaucoup émouvoir la secrétaire d'Etat en charge du numérique. Sans parler de réactivité. Un mois après la révélation du piratage des données de France Travail, deux mois après la connaissance de ce piratage, les services du ministère se sont fendu d'un mail (daté du 8 avril) aux potentielles victimes pour les mettre en garde...
