"Ce passe (sanitaire), on le verra réapparaître à d’autres fins", avait en mars 2022 dans un entretien à L'Eclaireur mis en garde le sénateur de Haute-Savoie Loïc Hervé. "Ce n’est pas le passe vaccinal en lui-même qui m’inquiète le plus. C’est le fait que l’on ait inventé ce mécanisme, qu’on l’ait expérimenté grandeur nature et que, finalement, les Français s’y sont accoutumés. L’accoutumance sociale est réelle".
Deux ans plus tard, on y est. On ne sait si les Français s'y sont accoutumés. Mais si révolte il y a, elle est consciesuement étouffée. De fait, l'on ne sait ce qu'il y a plus matière à s'inquiéter : de la mise en place du QR Code pour les Jeux Olympiques à Paris ou de la non-réaction pour ne pas dire la docilité ou la complaisance des médias mainstream à relayer l'information sans plus se poser plus de questions – et dont c'est pourtant un des rôles. L'annonce d'un pass pour circuler dans Paris cet été, progressivement instillée dans les esprits à coups de risque terroriste ou menace poutiniste, n'a pour l'heure pas beaucoup ébranlé la classe médiatique. Voir le résultat de la recherche Google 24 heures après l'annonce.
Elle n'a pas beaucoup ébranlé la classe politique non plus, que peut-être bien la perspective d'un séisme lors des élections européennes – menace de l'esstrême-drouââte ou de Poutine on ne sait plus bien – pétrifie encore plus. Il en est certes de menace terroriste, mais il en est aussi de libertés publiques dont on mesure à quel point elles sont de plus en plus rognées. Sans personne pour beaucoup d'y attarder.
En novembre dernier, Loïc Hervé avait commencé à s'en émouvoir. Mais pour une simple question de forme : le sénateur de Haute-Savoie s'offusquait que l'exécutif se moque comme de son premier QRCode du parlement.
En attendant, le projet de loi pour sécuriser et réguler l’espace numérique sera définitivement voté ce 10 avril. Et avec lui le délit d'outrage en ligne qui avait été supprimé à l'assemblée nationale avant d'être repris dans le texte de la commission paritaire. Rappelons que ce nouveau délit, dont L'Eclaireur avait parlé ici, permettra de sanctionner le fait de "diffuser en ligne tout contenu qui soit porte atteinte à la dignité d'une personne ou présente à son égard un caractère injurieux, dégradant ou humiliant, soit crée à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante".
On se rassurera (ou pas) en constatant que cette formidable avancée sur le front des libertés publiques et notamment de la liberté d'expression est relativement bien partagée en Occident. Voir le sombre tableau qu'en a dréssé Bruce Poil (oui c'est un pseudo) : "Censure, quand tu ne te caches même plus".